samedi 4 mai 2013

Alex SZEKELY, En forêt [femme qui pisse], 1961


 Inauguration


Nous ignorons tout ou presque d’Alex Székely (1901-1968) qui signait laconiquement Al.

Dessinateur actif au siècle dernier, du début des années 40 à la fin des années 60, vraisemblablement hongrois, nous ne lui connaissons point d’œuvre qui n’ait été, au moins érotique.

Graphomane inlassable, extraordinairement productif, à l’imagination débridée et à l’enthousiasme communicatif, il explora de la pornographie à peu près tous les domaines, les figures imposées, et du dessin toute les techniques et les styles, affichant toutefois sa prédilection pour les scènes de groupe. Aussi sera-t-il régulièrement mis à contribution dans cette anthologie du dessin pornographique (car tel est l’objet vers quoi tendent ces modestes pages), que nous choisissons d’inaugurer par cette femme qui pisse.

Nuit de pleine de lune, dans un bois, deux silhouettes d’hommes à l’arrière-plan à gauche et à droite urinent chacune contre un arbre, tandis qu’au premier plan une femme se tient de face, accroupie, jambes écartées et la jupe troussée lui découvrant le sexe. La tête penchée, visage serein, elle regarde consciencieusement son pipi s’écouler, ou bien y contemple-t-elle son reflet.

Onzième illustration d’une série (Al travaille toujours ses dessins en séries, qu’il  numérote méthodiquement en haut droite de la feuille), cette image tardive (1961) -dont nous ne savons rien du contexte qui a présidé à sa réalisation, bien loin de la trivialité d’un Rembrandt sur un thème voisin, est empreinte d’une étrangeté, d’un onirisme doux, qui nous touchent au plus haut point. La mine de plomb en estompe fait naître le modelé délicat des seins pommelés, le luisant des bas et la grâce d’un visage idéalisé, quand l’arrière-plan est esquissé avec une désinvolture extrêmement maîtrisée.

La composition de l’image évoque la forme d’un  blason, d’un écu. Puissions-nous demeurer placés sous cette égide protectrice et nous complaire, pour longtemps, gageons-le, dans l’obscène, l’abject et la dégradation à laquelle nous contraint cette entreprise que nous menons, à fins purement scientifiques !

1 commentaire:

  1. Dommage que cette oeuvre d'une haute moralité se soit arrêtée prématurément !

    RépondreSupprimer