Ayant su de Laure qu’on donnait dans un tel jour un bal dans
le grand parloir, je me suis déterminé à y aller masqué de façon que mes bonnes
amies ne pussent pas me connaître. […] j’ai décidé de me masquer en Pierrot. […]
Je descends au parloir qui était plein ; mais tout le monde fait place à
ce masque extraordinaire dont personne à Venise ne connaît les êtres. Je m’avance
marchant en nigaud, comme le caractère du masque exige, et je vais dans le
cercle où l’on dansait. Je vois des Polichinelles, des Scaramouches, des
Pantalons, des Arlequins. […] je fais le tour du cercle marchant comme si j’avais
été ivre, regardant de la tête jusqu’aux pieds chacun ; mais étant
beaucoup plus regardé et examiné. Tout le monde m’étudiait.
CASANOVA, Histoire de ma vie, vol. III, "3e fragment de mes mémoires", Paris, 2013
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